Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partie de l’Amérique. L’une est le cokarito, remarquable par sa dureté, et qui néanmoins se fend avec une extrême facilité. Les Indiens en font de petites flèches qu’ils empoisonnent ensuite. L’autre palmier est le manicole, qui ne croît que dans les terrains fertiles et profonds. Il parvient à cinquante pieds de hauteur, et cependant sa tige n’a que neuf pouces de diamètre.

Le rocouyer semble être à la Guiane dans son climat favori. C’est un arbre à tige rameuse, qui s’élève à peu près à la hauteur de nos pruniers. Son bois est tendre, son écorce filandreuse comme celle du tilleul. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, cordiformes, aiguës, entières. Ses fleurs sont d’un rouge pâle, et disposées en bouquets qui terminent les rameaux : il leur succède des capsules coniques, pointues, hérissées de petites soies raides ; elles n’ont qu’une loge, et s’ouvrent en deux ; elles renferment plusieurs semences, recouvertes d’une pellicule rougeâtre ou matière humide d’une odeur forte, et qui adhère fortement aux doigts. C’est cette pellicule qui forme le rocou du commerce, dont on fait un grand usage dans la teinture du petit teint.

Pour l’obtenir, on ouvre les capsules dans leur maturité ; on en ôte les graines, on les met dans des auges suffisamment remplies d’eau, et on les écrase. La matière colorante se dissout après quelques jours de macération, et on la sépare du reste des grains par le moyen