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Si sa constance se soutient pendant six semaines, on lui prépare des épreuves d’un autre ordre. Tous les chefs de la nation s’assemblent, parés solennellement, et viennent se cacher aux environs de la case, dans des buissons d’où ils poussent d’horribles cris. Ensuite, paraissant tous avec la flèche sur l’arc, ils entrent brusquement dans la case, prennent le novice, déjà fort exténué de son jeûne et des coups qu’il a reçus ; ils l’apportent dans son hamac, qu’ils attachent à deux arbres, et d’où ils le font lever. On l’encourage, comme la première fois, par un discours préparé, et pour essai de son courage chacun lui donne un coup de fouet beaucoup plus fort que tous les précédens. Il se remet dans son lit. On amasse autour de lui quantité d’herbes très-fortes et très-puantes , auxquelles on met le feu, sans que la flamme puisse le toucher, mais pour lui en faire sentir seulement la chaleur. La seule fumée qui le pénètre de toutes parts lui fait souffrir des maux étranges. Il devient à demi fou dans son hamac, et, s’il y demeure constamment, il tombe dans des pâmoisons si profondes qu’on le croirait mort. On lui donne quelques liqueurs pour rappeler ses forces ; mais il ne revient pas plus tôt à lui-même qu’on redouble le feu avec de nouvelles exhortations. Pendant qu’il est dans ces souffrances, tous les autres passent le temps à boire autour de lui. Enfin, lorsqu’ils croient le voir au dernier degré de langueur, ils lui font un collier et une cein-