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de force que, pour se rendre digne du rang auquel il aspire, il ne doit craindre aucun danger ; que non-seulement il aura l’honneur de la nation à soutenir, mais à tirer vengeance de ceux qui ont pris en guerre leurs parens et leurs amis, et qui leur ont fait souffrir une mort cruelle ; que le travail et la fatigue seront désormais son seul partage, et qu’il n’aura plus d’autres voie pour acquérir de l’honneur. Après cette harangue, qu’il écoute modestement, on lui donne mille coups pour lui faire connaître ce qu’il aurait à supporter s’il tombait entre les mains des ennemis de sa nation. Il se tient debout, les mains croisées sur la tête. Chaque capitaine lui décharge sur le corps trois grands coups d’un fouet composé de racines de palmier. Pendant cette cérémonie les jeunes gens de l’habitation s’emploient à faire des fouets ; et comme il ne reçoit que trois coups d’un même fouet, il en faut beaucoup lorsque les capitaines sont en grand nombre. Ce traitement recommence deux fois le jour pendant l’espace de six semaines. On le frappe en trois endroits du corps, aux mamelles, au ventre et aux cuisses. Le sang ruisselle, et dans la plus vive douleur il ne doit pas faire le moindre mouvement, ni donner la plus légère marque d’impatience. Il rentre ensuite dans sa prison, avec la liberté de se coucher dans son lit, au-dessus duquel on met comme en trophée tous les fouets qui ont servi à son supplice.