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trouver. C’est ce que les Espagnols ont toujours éprouvé avec perte, quoiqu’ils aient souvent tenté de conquérir cette vaste région.

» Enfin, conclut Raleigh, je suis persuadé que la conquête de la Guiane agrandira merveilleusement le prince à qui ce bonheur est réservé, et qu’il en pourra tirer assez de richesses et de forces pour contre-balancer celles de l’Espagne. Si c’est à l’Angleterre que le ciel destine un si beau partage, je ne doute pas que la chambre de commerce qui sera établie à Londres pour la Guiane n’égale bientôt celle de la Contratacion, que les Espagnols ont à Séville pour toutes leurs conquêtes occidentales. »

Joignons à cette relation d’autres témoignages recueillis à peu près vers le même temps, par exemple, celui de Domingo Véra, lieutenant de Berréo, qui, deux ans avant le voyage de Raleigh, avait fait en Guiane, au nom du roi d’Espagne, cette vaine cérémonie de prise de possession, à laquelle on semblait attacher alors beaucoup d’importance. On lit dans une lettre adressée à ce sujet au roi d’Espagne, pour lui rendre compte de ce qui s’est passé, les détails suivans : « Nous entrâmes dans un pays fort peuplé. Le cacique vint au-devant de nous, et nous conduisit à sa maison, où, nous traitant avec beaucoup d’amitié, il nous fit présent de quantité d’or. L’interprète lui demanda d’où il tirait ce métal : il répondit que c’était d’une province qui n’est éloignée