n’ont point de famille. On a pourvu singulièrement non-seulement à l’entretien de cette maison, mais encore à la subsistance des vieillards, des orphelins et de ceux qui sont hors d’état de gagner leur vie. Tous les habitans sont obligés de travailler deux jours de la semaine pour cultiver et semer en commun un espace de terre convenable ; ce qui s’appelle travail de la communauté. Si le produit passe les besoins, on applique le surplus à l’ornement des églises, à l’habillement des vieillards, des orphelins et des impotens : ainsi nul des habitans ne manque du nécessaire. Les tributs royaux sont payés ponctuellement. Enfin cette portion du monde est le séjour de la paix et du bonheur, et ces avantages sont dus à l’exactitude avec laquelle les lois y sont observées. Les jésuites, les curés de toutes les paroisses de cette nouvelle république ont besoin d’exciter au travail les Guaranis, qui sont naturellement paresseux ; et c’est par cette raison qu’ils prennent soin aussi de faire vendre les marchandises des fabriques, et les denrées qui proviennent de la culture des champs. Au contraire, les Chiquitos sont laborieux et ménagers : ils pourvoient d’eux-mêmes à la subsistance de leurs curés, en cultivant ensemble une plantation remplie de toutes sortes de grains et de fruits, qui suffit pour l’entretien de l’église et de son ministre. De leur côté, les curés de cette nation font des provisions de ferremens, d’étoffes et d’autres marchandises,
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