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cette contrée, et que ses armes, qui sont des arcs et des flèches, ont trois fois la grandeur de celles des Orinoccoponis. Mon Indien me protesta que les Iraouaquaris avaient pris depuis peu un de ces monstres, et qu’il avait été vu de toute la province d’Aromaïa. » Raleigh ajoute que, s’il eût appris toutes ces circonstances avant son départ, il aurait tenté l’impossible pour enlever un de ces étranges Indiens, et pour l’emmener jusqu’en Europe. Lorsqu’il fut retourné sur la côte de Cumana, un Espagnol, homme d’esprit et d’expérience, apprenant qu’il avait pénétré dans la Guiane jusqu’au Caroni, lui demanda s’il avait rencontré des Eouaipanomas, et l’assura qu’il avait vu plusieurs de ces acéphales, Raleigh atteste là-dessus des négocians recommandables et connus de toute la ville de Londres.

Le Casnero est une quatrième rivière qui se jette dans l’Orénoque au-dessus du Caroni, vers l’ouest, mais du côté de l’Amapéia. Sa grandeur l’emporte sur celle des plus grands fleuves de l’Europe. Il prend sa source au milieu de la Guiane, dans les montagnes qui séparent ce pays des terres de l’Amazone. Les Anglais auraient entrepris de le remonter, si l’approche de l’hiver ne leur eût fait craindre d’y trouver leur perte, non que l’hiver mérite proprement ce nom dans un pays où les arbres sont continuellement chargés de feuilles et de fruits ; mais il y est accompagné de pluies violentes, qui causent de prodigieux déborde-