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lac ; que tous les peuples du pays se joindraient volontiers à ceux qui voudraient les délivrer des Espagnols ; enfin qu’après avoir passé les montagnes de Curca, il trouverait beaucoup d’or et de pierres précieuses. Un des officiers espagnols, qu’il avait pris avec Berréo, se vanta d’avoir découvert dans ses voyages une mine d’argent très-riche, à peu de distance de la rivière ; mais l’Orénoque et toutes les rivières voisines étaient haussées de cinq pieds, sans compter la difficulté de remonter le Caroni. Raleigh se contenta d’envoyer par terre quelques-uns de ses gens dans la bourgade d’Annatopoi, éloignée de vingt milles. Ils y trouvèrent des guides pour les conduire plus loin à Capurepana, grande ville située au pied des montagnes, sous la domination d’un cacique, proche parent de Topiaouari. Cependant Whidon fut chargé, avec quelques soldats, de suivre, autant qu’il était possible, le bord de l’eau, pour observer s’il s’y trouverait quelque apparence de mine.

En même temps Raleigh, accompagné des capitaines Gifford et Calfield, monta sur les hauteurs voisines, d’où il découvrit tout le Caroni, qui se divise en trois bras à vingt milles de l’Orénoque. Il remarqua dix à douze sauts de cette rivière, et tous d’une si grande hauteur, que les particules d’eau, divisées dans leur chute, forment comme un tourbillon de fumée. Ensuite s’étant approché des vallées, il admira le plus beau pays qu’il eût jamais vu.