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chi les bas-fonds, ils avaient abandonné leur entreprise. Un autre officier, chargé de sonder la baie de Guanipa ou Amana, pour chercher le moyen d’y passer avec des vaisseaux, n’y trouva pas plus de facilité, et n’osa se hasarder fort loin dans la baie, parce qu’il apprit de son guide américain que ce lieu était sans cesse infesté par les Cannibales, qui ne manqueraient pas de tomber sur lui avec leurs flèches empoisonnées.

Gifford et Galfied, ayant trouvé dans la rivière de Capouri cinq pieds d’eau après le reflux, Raleigh fit faire des bancs pour la rame, en commençant à craindre pour King, qu’il avait envoyé à Guanipa ; il le fit suivre par Douglas, avec un vieux cacique de la Trinité, qui lui servit de pilote. Ils reconnurent enfin qu’on pouvait entrer dans le Capouri par quatre endroits, tous également commodes. La galéasse fut équipée avec trois chaloupes qui portaient des provisions pour un mois. Raleigh et quelques officiers s’y embarquèrent avec cent hommes. Arouacan, leur pilote, était un Indien de la rivière de Baiénua, au sud de l’Orénoque, entre ce fleuve et celui des Amazones : il avait promis de les conduire à l’Orénoque ; mais, s’ils n’avaient pas eu d’autres secours, ils auraient erré sans fin dans toutes ces rivières comme dans un labyrinthe. Raleigh doute qu’il y ait dans l’univers un tel amas d’eaux entrelacées les unes dans les autres. Lorsqu’il croyait avoir trouvé la route à la faveur de la boussole et des hauteurs du soleil,