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les défendent mieux, ils ont une maladie qui passe pour incurable, et que Léry n’attribue qu’au commerce des femmes. Il assure qu’ils la nomment pian, sans expliquer d’où leur vient ce nom, qui est celui du même mal dans d’autres parties de l’Amérique et dans les îles. La description qu’il en fait, et ses funestes communications, jettent un nouveau jour sur l’origine des maux vénériens en Europe. Avec les simples de leurs forêts et de leurs montagnes, les Brasiliens n’ont guère d’autre remède que l’abstinence ; ils ne donnent aucune sorte de nourriture aux malades.

Leurs funérailles consistent moins en cérémonies qu’en pleurs et en chants lugubres, qui contiennent l’éloge des morts. Ils les enterrent debout dans une fosse ronde, que Léry compare à un tonneau, les bras et les jambes pliés dans leurs jointures naturelles, et liés avec le corps. Si c’est un chef de famille, on enterre avec lui ses plumes, ses colliers, son inis et ses armes. Lorsque les habitations changent de lieu, ce qui arrive quelquefois sans autre raison que de changer d’air, chaque famille met sur les fosses de ses morts les plus respectés quelques pierres couvertes d’une grande herbe qui se nomme pindo, et qui se conserve long-temps sèche. Les sauvages n’approchent jamais de ces monumens sans pousser des cris.

On doit reconnaître pour un mérité particulier, dans un voyageur, l’attention qu’il a don-