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Ces racines servent aussi à la composition du breuvage, et l’on ne sera point surpris de leur abondance dans un pays où il se trouve des cantons si fertiles, qu’en moins de vingt-quatre heures un jeune homme peut cultiver assez de terre pour lui rapporter de quoi vivre une année entière. D’ailleurs les Indiens du Brésil, ne manquent point de maïs, auquel ils donnent le nom d’avari.

Lorsqu’ils s’assemblent pour quelque festin, dont l’occasion la plus ordinaire est le massacre de quelque captif dont ils doivent manger la chair, les femmes allument du feu près des vaisseaux qui contiennent les liqueurs. Elles en ouvrent un, dont elles tirent à plein bord, dans une courge que les hommes prennent l’un après l’autre en dansant, et qu’ils vident d’un seul trait. Ils y retournent tour à tour avec les mêmes cérémonies, jusqu’à ce que le vaisseau soit épuisé. Plusieurs jours se passent dans les mêmes transports ; ou , si le plaisir est interrompu, c’est par le discours de quelque brave qui exhorte les autres à ne pas manquer de courage contre les ennemis de la nation.

C’est un usage particulier des peuples du Brésil de boire et de manger à différentes heures, c’est-à-dire qu’ils s’abstiennent de manger lorsqu’ils boivent, et de boire lorsqu’ils mangent. Dans les mêmes temps, ils rejettent aussi toute sorte de soins et d’affaires, sans excepter celles de leurs haines et de leurs vengeances, qu’ils remettent toujours après avoir satis-