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qu’ils nomment toucan. Pour les festins de chair humaine, qui sont leurs plus grandes réjouissances, ils se font des manches de plumes vertes, rouges et jaunes, entrelacées ou tissues avec tant d’art, qu’on les prendrait pour un velours de toutes ces couleurs. Leurs massues, qui sont de ce bois dur et rouge que nous nommons bois du Brésil, sont revêtues aussi de ces plumes. Sur leurs épaules ils mettent des plumes d’autruche, « dont ils accommodent, dit Léry, tous les tuyaux serrés d’un côté, et le reste qui s’éparpille en rond, comme un petit pavillon ou une rose ; ce qui forme un grand panache qu’ils appellent araroya, et qu’ils lient sur leurs reins avec une corde de coton, l’étroit vers la chair, et le large en dehors ; de sorte qu’on dirait qu’ils portent une mue à tenir les poulets. S’ils veulent danser, ils prennent des fruits qu’ils nomment ahouai, de la grosseur des châtaignes ; ils les creusent, les remplissent de petites pierres et se les attachent aux jambes. Dans les mains ils ont des calebasses creuses et remplies aussi de pierres, ou un bâton d’un pied de longueur auquel ces calebasses sont attachées. »

À l’égard des femmes, leur parure n’est pas moins bizarre. Elle consiste dans le soin de s’arracher tout le poil du corps, excepté les cheveux, de se peindre de diverses couleurs, et de se fendre étrangement les oreilles pour y porter divers ornemens. Mais d’ailleurs elles vont nues, et ne manquent point l’occasion