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cer la lèvre inférieure dès l’enfance est vrai ; mais, dans cet âge tendre, ils se contentent d’y porter un petit os blanc comme l’ivoire. À l’âge viril, ils y passent une pierre, qui est souvent de la longueur du doigt, et qu’ils ont l’art de faire tenir sans aucune sorte de lien. Quelques-uns s’en enchâssent jusque dans les joues. Ils regardent comme une autre beauté d’avoir le nez plat ; et le premier soin des pères, à la naissance des enfans, est de leur rendre cet important service. La couleur noire dont ils se peignent tout le corps, à l’exception du visage, n’empêche point qu’ils n’y joignent en quelques endroits d’autres couches de diverses couleurs ; mais leurs jambes et leurs cuisses conservent toujours la même noirceur ; ce qui leur donne, à quelque distance, l’air de culottes noires abattues sur leurs talons. Ils portent au cou des colliers d’os d’une blancheur éclatante et de la forme d’un croissant, enfilés par le haut dans un ruban de coton ; mais, pour la variété, ils leur font quelquefois succéder de petites boules d’un bois noir fort luisant, dont ils font une autre espèce de collier. Comme ils ont quantité de poulets dont la race leur est venue d’Europe, ils en choisissent les plus blancs et leur ôtent le duvet, qu’ils teignent en rouge pour s’en parsemer le corps avec une gomine fort visqueuse. Dans leurs guerres et dans leurs fêtes solennelles, ils s’appliquent, avec de la cire, sur le front et sur les joues, de petites plumes d’un oiseau noir