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Leurs mœurs n’ont rien qui blesse l’honnêteté naturelle. Ils ont des villes environnées d’un mur de solives, dont les intervalles sont remplis de terre. Chaque famille habite une cabane séparée : ils reconnaissent l’autorité d’un chef, qu’ils nomment morochova, et qui n’est distingué d’ailleurs que par le privilége de pouvoir se donner plus d’une femme. Leurs terres contiennent des mines qu’ils ne prennent pas la peine d’ouvrir ; mais ils recueillent après les pluies l’or qu’ils trouvent dans les torrens et les ruisseaux, surtout au pied des montagnes, entre lesquelles on vante les richesses de celle qu’ils nomment Étépérangé. Il ne manque, suivant l’auteur, à cet heureux peuple que les lumières de la religion. Leurs femmes sont belles, sages, spirituelles, et ne souffrent jamais de badinage indécent : elles portent leurs cheveux fort longs, et ne les ont pas moins beaux que les femmes de l’Europe. Toute la nation a des heures réglées pour les repas. Elle aime la propreté ; enfin les mœurs et les usages n’y ressentent point la barbarie, à l’exception du goût pour la chair humaine, auquel les Molopagués n’ont pas renoncé dans leurs guerres.

Les Motayés, qui sont leurs voisins, ont la taille courte, et vont nus : ils ne laissent pendre leurs cheveux que jusqu’aux oreilles, et ne souffrent pas un poil dans toutes les autres parties du corps, sans excepter les sourcils. Le voisinage des Molopagués n’empêche point qu’ils n’aient toute la barbarie des autres sauvages.