Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bêtes sauvages, et s’étend jusqu’au fleuve Saint-François. Rarement elle attaque ses ennemis à force ouverte ; elle emploie les embuscades et la ruse avec d’autant plus de succès, qu’elle est d’une vitesse extrême à la course : elle dévore aussi ses captifs.

Dans la capitainerie d’Espiritu-Santo, Knivet place une nation très-féroce, qu’il nomme les Tomomymis, et contre laquelle il fit souvent la guerre au service des Portugais. Il attaqua une de leurs villes nommée Morogegès ; car il croit pouvoir donner le nom de villes à leurs habitations, qui sont en grand nombre sur le fleuve de Paraïba. Elles sont revêtues en dehors d’une enceinte de grosses pierres disposées en forme de palissades, et par derrière, d’un mur de cailloux. Les toits des maisons sont d’écorce d’arbres, et les murailles d’un mélange de solives et de terre dans lequel ils laissent des trous pour lancer leurs flèches. « Notre armée, raconte Knivet, était composée pour ce siége de cinq cents Portugais et trois mille Indiens alliés. Cependant les Tomomymis firent des sorties si violentes, qu’ils nous obligèrent de nous retrancher nous-mêmes, et de faire demander du secours à Espiritu-Santo. Ces barbares se montraient audacieusement sur leurs murs, ornés de plumes, et le corps teint de rouge ; ils se posaient sur la tête une sorte de petite roue combustible à laquelle ils mettaient le feu ; et, la faisant tourner dans cette situation, ils nous criaient de toutes leurs forces :