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dans l’enfance, avec une pointe de corne de chèvre ; et lorsqu’ils sont sortis de cet âge, ils y portent de petites pierres vertes, dont ils tirent tant de vanité, qu’ils méprisent toutes les nations qui n’ont pas cet ornement. On ne leur connaît aucune religion : ils prennent autant de femmes qu’ils en peuvent nourrir ; mais ils ne leur permettent que le commerce d’un seul homme. En guerre, elles portent dans des paniers, sur leur dos, les provisions de vivres, qui sont des racines, du gibier et de la volaille. Pendant leur grossesse, le mari ne tue aucun animal femelle, dans l’opinion que leur fruit s’en ressentirait. Lorsqu’elles sont délivrées, il se met au lit pour recevoir les félicitations de ses voisins. Dans leurs courses par des pays déserts, où ils craignent de voir manquer les provisions, ils portent une grande quantité de tabac, dont ils mettent les feuilles entre leurs gencives et leurs joues, en laissant distiller leur salive par le trou qu’ils ont aux lèvres. Leur humanité pour les étrangers n’empêche point qu’ils n’immolent cruellement leurs ennemis pour en dévorer la chair. Ils habitent de grandes bourgades ; et chacun a son champ distingué qu’il cultive soigneusement.

Le même voyageur place sur la côte de l’Océan atlantique, entre Fernambouc et la baie de Tous-les-Saints, les Moriquitès, race de Tapuyas, dont les femmes, quoique d’une figure agréable, sont fort belliqueuses. Cette nation passe la vie dans les forêts comme les