Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de nos jours par un membre éclairé de l’académie de Lisbonne, Fray Gaspard de Madre de Deos. Il prouve de la manière la plus satisfaisante que les premiers habitans de Saint-Paul furent des Indiens de Piratininga, et des jésuites ; et que la ville, depuis sa fondation, ne reconnut d’autre souveraineté que celle du roi de Portugal. Il nie que les Paulistes aient jamais vécu de brigandage ; l’élévation de leur caractère, ajoute-t-il, la délicatesse de leurs sentimens, leur susceptibilité sur le point d’honneur, leur probité, leur amour du travail, la douceur de leurs mœurs, ne sauraient être un héritage transmis par des vagabonds et des bandits.

Il est vrai que les Paulistes se sont fait autrefois remarquer par une certaine inquiétude de caractère qui les a portés à refuser l’obéissance à des gouvernemens injustes, et à parcourir le Brésil dans toutes les directions pour chercher des métaux. Leurs heureuses découvertes en ce genre, dont ils envoyaient le produit dans leur ville, lui valurent une réputation de richesse qu’elle ne méritait pas. Souvent ils montrèrent de la répugnance à se laisser enlever ce qu’ils avaient trouvé au prix de fatigues et de périls sans nombre. Au reste, si leur caractère énergique leur attira des épithètes injurieuses qui ne leur convenaient pas, il fixa l’attention du gouvernement lorsque le Brésil fut attaqué par l’Espagne en 1770. Sans eux, les troupes portugaises auraient fait une triste