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d’Espagnols, de Portugais, de métis, de mulâtres et de toutes sortes de vagabonds, se retirèrent dans le canton où est Saint-Paul, et y fondèrent une république de bandits, qui devint la terreur des pays voisins, et fut surtout funeste aux missions des jésuites du Paraguay. Ceux-ci avaient fait divers efforts pour s’introduire dans les terres des Paulistes ; mais, soit par défiance de leurs vues ou par indifférence pour la religion, ces indociles brigands s’étaient obstinés à les rejeter.

» Les Portugais, dit le P. Charlevoix, d’après son confrère le P. Loçano, après avoir bâti la ville de Saint Vincent sur le bord de la mer, avaient envoyé de là quelques colonies dans les terres. Elles y fondèrent des villes, dont une des plus célèbres est celle de Saint-Paul, qui fut bâtie dans un canton nommé Piratininga par les naturels du pays, d’où elle prit le surnom de Piratiningue. Peu de temps après sa fondation, le P Emmanuel de Nobrega, qui avait été envoyé au Brésil par saint Ignace pour y être le premier supérieur provincial de sa compagnie, ayant jugé cette petite ville avantageusement placée pour y former une nombreuse église de Brasiliens, qu’il se nattait d’y trouver plus dociles que vers le rivage de la mer, y transféra le collége de Saint-Vincent. Comme il y était arrivé la veille du jour où l’on célèbre la conversion de saint Paul, en 1554, il dédia l’église du nouveau collége à cet apôtre, dont le nom est devenu ensuite celui de la ville.