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ou engraisseurs de bestiaux, mais particulièrement de cochons et de volaille. On y trouve une espèce particulière de coqs qui s’y distinguent par un cri très-fort, en prolongeant la dernière note. Ils sont recherchés comme une curiosité dans toutes les parties du Brésil. Les denrées de toutes sortes abondent à Saint-Paul, et y sont d’assez bonne qualité. Quoique l’on y soit très-arriéré dans tout ce qui tient aux travaux champêtres, les jardins sont arrangés avec beaucoup de goût, et souvent avec une élégance remarquable.

Il règne à Saint-Paul beaucoup de luxe et une certaine mollesse. La civilisation y est plus avancée, plus répandue, plus générale que dans les autres villes ; les femmes sont renommées dans tout le Brésil pour leur beauté, leur amabilité, leurs bonnes qualités ; malheureusement leur éducation est très-négligée. Les hommes sont francs, polis, hospitaliers.

La position écartée de Saint-Paul, les difficultés que les étrangers ont souvent éprouvées à voyager dans l’intérieur sont cause qu’ils la visitent rarement, et que leur apparition est même regardée comme un phénomène. C’est sans doute ce qui a donné naissance aux récits fabuleux sur l’origine des Paulistes et sur leur caractère farouche. Suivant ces récits, répandus par les jésuites du Paraguay, répétés par le P. Charlevoix, et adoptés avec une extrême légèreté par tous les compilateurs de livres de géographie, « une bande de fugitifs composée