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aux besoins des habitans. Dans cette première entreprise, ils eurent beaucoup à souffrir des Brasiliens sauvages, implacables dans leurs haines, qu’on n’offensait jamais impunément, et qui mangeaient leurs prisonniers. S’ils rencontraient un Portugais à l’écart, ils ne manquaient point de le massacrer, et d’en préparer un de ces horribles festins qui font frémir la nature.

Malgré tant de difficultés, le pays ne laissa pas de se peupler d’Européens ; et les fruits de leurs travaux en excitèrent d’autres à les suivre. La guerre qu’ils avaient sans cesse à soutenir contre des légions d’Indiens les obligea de se partager en capitaineries ; et dans l’espace de cinquante ans on vit naître le long de la côte diverses bourgades, dont les cinq principales étaient Tamaraca, Fernambouc, Ilhéos, Porto-Seguro et Saint-Vincent. Les avantages que ces colonies tirèrent de leur situation firent enfin ouvrir les yeux à la cour de Portugal : elle sentit le tort quelle s’était porté en faisant des concessions sans bornes ; et Jean iii entreprit d’y remédier.

Il commença par révoquer tous les pouvoirs accordés aux chefs des capitaineries ; et dans le cours de l’année 1549, il envoya Thomas de Sousa au Brésil avec le titre de gouverneur-général. Six vaisseaux bien équipés, et chargés d’un grand nombre d’officiers, composaient sa flotte. Il avait ordre non-seulement d’établir une nouvelle administration, dont il