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bêtes à la nage, ce qui arrête long-temps un voyageur ; car non-seulement il faut qu’elles soient déchargées, mais on les fait passer une demi-lieue au-dessus du pont, dans la crainte que le fil de l’eau, qui les fait dériver considérablement, ne les entraîne trop loin. Pendant qu’elles passent, des Indiens transportent à l’autre bord leur charge et leurs bâts. Cependant les ponts sont quelquefois si larges, que les mules y peuvent passer toutes chargées. » Tel est celui de la rivière d’Apurimac, passage de toutes les marchandises qui forment le commerce entre les principales provinces du Pérou.

Sur quelques rivières, on supplée aux ponts de béjuque par ce qu’on nomme les tarabites. Celle d’Alchipichi, que son extrême rapidité et les pierres qu’elle roule dans ses eaux rendent fort dangereuse, ne se passe nulle part autrement. La tarabite est une simple corde de lianes ou de courroies de cuir de vache, composée de plusieurs torons, qui lui donnent sept ou huit pouces d’épaisseur. Elle est tendue d’un bord à l’autre, et fortement attachée des deux côtés à des pilotis, dont l’un porte une roue, pour donner à la tabarite le degré de tension qu’on croit nécessaire. La manière de passer est fort extraordinaire : de la tarabite pendent deux grands crocs qu’on fait courir dans toute sa longueur, et qui soutiennent un mannequin de cuir, assez large pour contenir un homme, qui peut même y être couché : on