Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces riches productions du sein de la terre prouve leur ignorance en métallurgie ; et les premiers conquérans s’étant attachés aux méthodes en usage dans leur pays, il est probable qu’ils ne virent rien qui méritât d’être emprunté dans les inventions d’un peuple barbare. Ainsi c’est uniquement aux mines découvertes et exploitées par les Espagnols que les voyageurs ont étendu leurs observations.

Au seul nom du Pérou, toutes les imaginations sont frappées de l’idée de la richesse métallique. Ce fut ce qui attira les conquérans. Les Espagnols qui habitent aujourd’hui ce pays ne jugent pas autrement. « Ce n’est point, dit Ulloa, la fertilité du terroir, l’abondance des moissons et des récoltes, la quantité de ses pâturages qui font estimer un canton du Pérou, c’est le nombre de ses mines. Les autres bienfaits de la nature, qui sont au fond les plus estimables, n’obtiennent pas la moindre considération, si les veines de la terre ne renferment point d abondantes portions d’or et d’argent fin. Telle est la bizarrerie des hommes. Une province dont on tire une grosse quantité de ces deux métaux est appelée riche, quoique réellement elle soit pauvre, puisqu’elle ne produit pas de quoi nourrir ceux qui sont employés au travail des mines, et qu’il faut tirer d’ailleurs les vivres dont elle a besoin. Au contraire, on appelle pauvres celles qui, loin de l’être produisent des bestiaux, des grains et des fruits en abondance ; qui jouissent d’un