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À l’époque de la découverte du Pérou, les lamas, ou plutôt llamas, formaient le seul bétail qui existât dans ce pays. Llamas est un nom général qui signifie bête brute ; mais les Péruviens y joignent un autre mot pour marquer l’espèce. Ainsi runa signifiant brebis, ils nomment runa llamas l’animal qu’on nomme dans les relations brebis des Indes. Cependant il a moins de ressemblance avec la brebis qu’avec le chameau, dont il a la tête, le poil, et toute la figure du corps, à l’exception de la bosse. Il est plus petit ; mais quoiqu’il ait le pied fourchu, sa marche est aussi celle du chameau. Tous les llamas ne sont pas de la même couleur : il y en a de bruns, de noirs, de mélangés, et beaucoup de blancs. Leur hauteur est à peu près de quatre pieds. Ils sont assez forts pour porter un poids de quatre-vingts à cent livres ; aussi les Indiens s’en sont-ils toujours servis comme de bêtes de charge. Avant la conquête ils mangeaient leur chair, qui a le goût de celle du mouton, mais un peu plus fade. Aujourd’hui même ils mangent encore ceux que la vieillesse met hors d’état de servir. Ces animaux sont extrêmement dociles, et d’un entretien fort aisé. Toute leur défense consiste dans leurs narines, doù ils lancent une humeur visqueuse qui cause, dit-on, la gale à ceux qu’elle touche ; mais cette assertion paraît dénuée de vérité. Plusieurs écrivains ont parlé des guanacos et des vigognes comme d’animaux assez semblables aux llamas. Les naturalistes pensent que