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bête, qui continue de fuir. Ceux qui sont postés dans d’autres lieux n’ont pas plus tôt vu le mouvement du premier, qu’ils partent de même, les uns pour couper le chemin au cerf ; les autres pour le prendre de front, leurs chevaux n’ont pas besoin d’être animés ; il leur suffit, pour s’élancer, de voir le départ d’un autre, d’entendre les cris des chasseurs et des chiens, ou d’apercevoir seulement l’agitation du premier qui découvre la bête. Alors le meilleur parti qu’on puisse prendre est de leur laisser la liberté de courir, et de les animer même de l’éperon et de la voix ; mais en même temps il faut être assez ferme sur l’arçon pour résister aux secousses qu’on reçoit de sa monture, en courant par les descentes avec une rapidité capable de précipiter mille fois le cavalier par-dessus la tête du cheval. Il en coûte infailliblement la vie à celui qui tombe, soit par la violence de sa chute, ou par l’emportement du cheval même, qui, poursuivant sa course, ne manque guère de l’écraser sous ses pieds.

On donne le nom de parameros à ces chevaux, parce qu’à peine ont-ils la force de remuer les jambes, qu’on les exerce à courir dans les paramos. La plupart sont trotteurs ou traquenards. D’autres, qu’on nomme aguilillas, ne sont ni moins fermes ni moins agiles. Ils ne vont que le pas simple, mais un pas si vif, qu’il égale le plus grand trot des autres ; et quelques-un sont si légers, qu’on ne connaît rien à leur comparer. Leur pas consiste à lever