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lente : celle du soulpin n’est pas moins bonne ; c’est un poisson armé de piquans, et de la longueur d’un pied.

Toutes les Sambales sont bordées de coquillages : celui que Waffer nomme conque est grand, tors en dedans, plat du côté de l’ouverture, qui est proportionnée à sa grosseur, raboteux dans toute sa surface, mais intérieurement plus uni que la nacre de perle, dont il a la couleur. Il contient un poisson fort limoneux, qu’on ne fait rôtir pour le manger qu’après l’avoir nettoyé long-temps avec du sable ; on le bat long-temps aussi, parce qu’il a la chair très-ferme ; mais on est bien payé de toutes ces peines ; cette chair est délicieuse. Il n’y a point d’huîtres ni d’écrevisses de mer sur la côte de l’isthme : on voit seulement entre les rochers des Sambales quelques grosses écrevisses auxquelles il manque les deux grandes griffes qui sont ordinaires à celles de mer.

La pêche des Américains du pays se fait avec de grands filets d’écorce de mahot, ou de soie d’herbe, qui ressemblent à nos tirasses. Dans les courans rapides et traversés de rochers, ils se jettent à la nage pour suivre le poisson, qu’ils prennent avec la main dans leurs trous. La nuit ils ont des torches du même bois, qu’ils emploient à s’éclairer ; et leur adresse est extrême à saisir le poisson qui s’avance vers la lumière. Leur manière de le préparer est d’en ôter les boyaux, et de le faire cuire à l’eau, ou griller sur le charbon ; ils le