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quand elle n’y aurait introduit que la tête, elle s’y établit si fortement, qu’il faut sacrifier un peu de peau pour lui faire lâcher prise. Si l’on ne s’en aperçoit pas assez tôt, l’insecte se loge, suce le sang et se fait un nid d’une tunique blanche et déliée qui a la figure d’une perle plate. Il se tapit dans cet espace de manière que sa tête et ses pieds sont tournés vers le côté extérieur pour la commodité de sa nourriture, et que l’autre partie de son corps répond au côté intérieur de la tunique pour y déposer ses œufs. À mesure qu’il les pond, la petite poche s’élargit, et, dans l’espace de quatre ou cinq jours, elle a jusqu’à deux lignes de diamètre. Il est alors très-important de l’en tirer, sans quoi, crevant elle-même, elle répand une infinité de germes semblables à des lentes, c’est-à-dire autant de chiques qui, occupant bientôt toute la partie, causent beaucoup de douleur, sans compter la difficulté de les déloger. Elles pénètrent quelquefois jusqu’aux os ; et lorsqu’on est parvenu à s’en délivrer, la douleur dure jusqu’à ce que la chair et la peau soient entièrement rétablies.

Cette opération est longue et douloureuse : elle consiste à séparer avec la pointe d’une aiguille les chairs qui touchent à la membrane où résident les œufs, ce qui n’est pas aisé sans crever la tunique. Après avoir détaché jusques aux moindres ligamens, on tire la poche, qui est plus ou moins grosse, à proportion du sé-