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queue. On remarque aussi de la différence dans la qualité de leur poison. Celui des noirs passe pour le plus dangereux ; mais, si l’on y remédie promptement, il n’est pas mortel. La malignité de celui des autres se réduit à causer la fièvre, à répandre dans la paume des mains et dans la plante des pieds une sorte d’engourdissement qui se communique au front, aux oreilles, aux narines et aux lèvres ; à faire enfler la langue, à troubler la vue : on demeure dans cet état pendant un jour ou deux ; après quoi le venin se dissipe insensiblement, sans qu’il y en ait à craindre aucune suite. Les habitans du pays sont persuadés qu’un scorpion purifie l’eau, et ne font pas scrupule d’en boire lorsqu’ils l’y voient tomber. Ils sont si familiarisés avec ces insectes, qu’ils les prennent avec les doigts sans aucune crainte, en observant de les saisir pour la dernière vertèbre de la queue, pour n’en être pas piqués. Quelquefois ils leur coupent la queue même, et badinent ensuite avec eux. Ulloa observe que le scorpion, mis dans un vase de cristal avec un peu de fumée de tabac, devient comme enragé, et qu’il se pique la tête de son aiguillon jusqu’à ce qu’il se soit tué lui-même. Cette expérience, dit-il, répétée plusieurs fois, lui fait conclure que le venin de cet animal produit sur son corps le même effet que sur celui des autres.

Le caracal soldato, ou limaçon soldat, que l’on nomme aussi Bernard l’ermite, est un crustacé qui, depuis le milieu du corps jusqu’à