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commune : d’où l’auteur conclut que ce n’est qu’un bruit populaire, dont il ne parle, dit-il, que pour éviter le reproche d’avoir ignoré ce qu’on en raconte.

Les centipèdes, dont cette région est infestée de toutes parts, sont d’une grosseur monstrueuse. Ulloa donne la description de ceux qu’il vit à Carthagène, où ils pullulent dans les maisons, beaucoup plus encore qu’à la campagne. Leur longueur ordinaire est de deux tiers d’aune. Il y en a même qui ont près d’une aune de long, sur cinq à six pouces de large. Leur figure est presque ovale. Toute la superficie supérieure et latérale est couverte d’écailles dures, couleur de musc, tirant sur le rouge, avec des jointures qui leur donnent de la facilité à se mouvoir. Cette espèce de toit est assez fort pour défendre l’animal contre toutes sortes de coups. Aussi, pour le tuer, ne doit-on le frapper qu’à la tête. Il est extrêmement agile, et sa piqûre est mortelle. De prompts remèdes en arrêtent le danger ; mais ils n’ôtent point la douleur, qui dure jusqu’à ce qu’ils aient détruit la malignité du poison.

Les scorpions ne sont pas moins communs que les centipèdes. On en distingue plusieurs sortes : les noirs, les rouges, les bruns et les jaunes. Ceux de la première espèce se tiennent dans les bois secs et pourris, les autres dans les coins des maisons et dans les armoires. Leur grosseur est différente ; les plus grands ont trois pouces de long sans y comprendre la