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vipères de l’Europe. Leurs mâchoires sont garnies de dents ou de crochets dont la morsure fait passer dans la plaie un venin si subtil, qu’il fait enfler aussitôt le corps. Le sang se corrompt ensuite dans tous les organes, jusqu’à ce que les tuniques des veines se rompent à l’extrémité des doigts. Alors le sang jaillit avec violence, et la mort ne tarde point à suivre. On a parlé ailleurs du serpent à sonnettes.

On donne le nom de saule à un autre serpent, dont l’espèce est fort nombreuse, non-seulement parce qu’il ressemble au bois de saule par la couleur, mais encore plus sans doute parce qu’il est toujours collé aux branches de cet arbre, dont il semble qu’il fasse partie. Sa piqûre est toujours mortelle, pour peu que les remèdes soient différés. Il y en a d’infaillibles, qui sont connus de certains Indiens, auxquels les Espagnols ont recours, et que cette raison leur a fait nommer curandores, c’est-à-dire guérisseurs. Le plus sur est l’habilla, dont on a rapporté la vertu. Au reste, Uiïoa ne fait pas difficulté d’assurer que les plus redoutables de ces animaux ne nuisent jamais, s’ils ne sont offensés ; que, loin d’être agiles, ils sont d’une lenteur qu’il nomme paresse ; qu’on passe vingt fois devant eux sans qu’ils fassent le moindre mouvement ; que, s’ils n’en faisaient quelquefois pour se retirer dans les feuilles, on ne distinguerait pas s’ils sont morts ou vivans ; enfin qu’il n’y a de danger que pour