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se rencontrassent point dans les bois du Maragnon, dont le climat est si différent ; cependant les habitans du pays parlent d’un animal nommé ucumari, et c’est précisément le nom de l’ours dans la langue du Pérou ; La Condamine ne put s’assurer si l’animal est le même.

Les insectes et les reptiles sont en si grand nombre dans toute cette région, que non-seulement les habitans en reçoivent beaucoup d’incommodité, mais que leur vie même est souvent en danger par la morsure de ces dangereux animaux. Tels sont les centipèdes, les scorpions et les araignées. Les bords des rivières et les côtes sont infestées par les crocodiles ou caïmans, que l’on nomme aussi lagardo.

Les crocodiles sont fort communs dans tout le cours de l’Amazone, et même dans la plupart des rivières que l’Amazone reçoit. On assura La Condamine qu’il s’y en trouve de vingt pieds de long, et même de plus grands. Comme ceux de l’Amazone sont moins chassés et moins poursuivis, ils craignent peu les hommes : dans le temps des inondations, ils entrent quelquefois dans les cabanes. Leur plus dangereux ennemi, et peut-être l’unique qui ose entrer en lice avec eux, est le jaguar : ce doit être un spectacle curieux que celui de leur combat ; mais cette vue ne peut guère être que l’effet du hasard. Voici ce que les naturels du pays racontèrent à La Condamine. Quand le jaguar vient boire au bord de la rivière, le crocodile met la tête hors de l’eau pour le saisir, comme