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tant de sang, qu’il ne leur serait pas resté assez de force pour arrêter celui qui continuait de sortir par l’ouverture. » Il ne paraît pas étonnant au même voyageur « qu’on ne sente point la piqûre, parce que, outre la subtilité du coup, l’air, dit-il, agité par les ailes de la chauve-souris, rafraîchit le dormeur, et rend son assoupissement plus profond. »

Waffer fait une peinture curieuse du corrosou, qui est sans doute un hocco. C’est un grand oiseau de terre, noir, pesant, et de la grosseur d’une poule d’Inde ; mais la femelle n’est pas si noire que le mâle. D’ailleurs il a sur la tête une belle hupe de plumes jaunes, qu’il fait mouvoir à son gré. Sa gorge est celle du coq d’Inde. Il vit sur les arbres, et fait sa nourriture de fruits. Les Américains prennent tant de plaisir à son chant, qu’ils s’étudient à le contrefaire ; et la plupart y réussissent dans une si grande perfection, que l’oiseau s’y trompe et leur répond. Cette ruse sert à le faire découvrir. On mange sa chair, quoiqu’elle soit un peu dure. Mais, après avoir mangé un corrosou, les Américains ne manquent jamais d’enterrer ses os, ou de les jeter dans une rivière pour les dérober à leurs chiens, auxquels ils prétendent que cette nourriture donne la rage.

On connaît diverses espèces de hocco, qui sont toutes bonnes à manger.

Il ne serait pas étonnant que les ours, qui n’habitent guère que les pays froids, et qu’on trouve dans plusieurs montagnes du Pérou, ne