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ne fassent leur proie ; et quand cette nourriture leur manque, ils ont recours à toute sorte d’ordures. Ils ont l’odorat si subtil, que, sans autres guides, ils cherchent les charognes à trois ou quatre lieues, et ne les abandonnent qu’après en avoir mangé toutes les chairs. On nous fait observer que, si la nature n’avait pourvu cette contrée d’un si grand nombre de gallinazos, l’infection de l’air, causée par des corruptions continuelles, la rendrait bientôt inhabitable. En s’élevant de terre, ils volent fort pesamment ; mais ensuite ils s’élèvent si haut qu’on les perd de vue. À terre, ils marchent en sautant, avec une espèce de stupidité. Leurs jambes sont dans une assez juste proportion. Ils ont aux pieds trois doigts par-devant, et un derrière ; les ongles courts, faibles et émoussés. Ils sont obligés de bondir pour avancer. Si les gallinazos sont pressés de la faim, et ne trouvent rien à dévorer, ils attaquent les bestiaux qui paissent. Une vache, un porc, qui a la moindre blessure, ne peut éviter leurs coups par cet endroit. Il ne lui sert de rien de se rouler par terre, et de faire entendre les plus hauts cris. Ces insatiables oiseaux ne lâchent pas prise ; à coups de bec ils agrandissent tellement la plaie, qu’elle devient mortelle.

D’autres gallinazos, un peu plus gros, ne quittent jamais les champs. La tête et une partie du cou sont blanches dans quelques-uns, rouges dans les autres, ou mêlées de ces deux couleurs. Au-dessus du jabot ils ont un col-