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nom de prêcheur à cet oiseau ; et la raison qu’on en donne est une autre singularité ; c’est, suivant Ulloa, « qu’étant perché au sommet d’un arbre pendant que d’autres oiseaux dorment plus bas, il fait avec sa langue un bruit qui ressemble à des paroles mal articulées, dans la crainte, dit-on, que les oiseaux de proie ne profitent du sommeil des autres pour les dévorer. » Au reste, les toucans, ou prêcheurs, s’apprivoisent si facilement, qu’après avoir passé quelques jours dans une maison, ils viennent à la voix de ceux qui les appellent pour recevoir ce qu’on leur offre. Ils se nourrissent ordinairement de fruits ; mais, lorsqu’ils sont apprivoisés, ils mangent tout ce qu’on leur présente. On en connaît plusieurs espèces.

L’oiseau que les Espagnols ont nommé gallinazo, parce qu’il ressemble aux poules, est de la famille des vautours. Sa grosseur est celle d’un panneau, excepté qu’il a le cou plus gros, et la tête un peu plus grande. Depuis le jabot jusqu’à la racine du bec, il n’a point de plumes : cet espace est entouré d’une peau noire, âpre, rude et glanduleuse, qui forme plusieurs verrues et d’autres inégalités. Les plumes dont il est couvert sont noires comme cette peau, mais d’un noir qui tire sur le brun. Le bec est bien proportionné, fort, et un peu courbe. Ces oiseaux sont familiers dans les villes et dans les autres habitations. Les toits des maisons en sont couverts. On se repose sur eux du soin de les nettoyer. Il n’y a point d’animaux dont ils