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Guayaquil est considérable, puisque la vieille ville et la nouvelle n’occupent pas moins d’une demi-lieue le long du fleuve ; mais elles ont peu de largeur, parce que chacun aime à bâtir sur la rive, pour jouir des vents agréables qui la rafraîchissent.

On ne compte pas moins de 20,000 âmes à Guayaquil. Une grande partie de ses principaux habitans est composée d’Européens, qui s’y sont établis par le mariage et le commerce ; le reste l’est de créoles et d’Américains. Ceux qui sont capables de porter les armes sont distribués en différentes compagnies militaires pour leur défense commune. Le corrégidor en est le chef, avec un mestre-de-camp et un sergent-major, sur lesquels il se repose de l’exercice et de la discipline. Quoique le climat de Guayaquil soit fort chaud, les habitans n’y ont pas le teint basané des pays où l’on éprouve le même degré de chaleur. On a nommé ce canton le Pays-Bas équinoxial, parce que sa situation ressemble à celle des Pays-Bas d’Europe ; et cette ressemblance, suivant don Ulloa, s’étend jusqu’aux habitans. À l’exception de ceux qui sont d’un sang mêlé, tous les autres sont blonds ; ils ont les traits du visage si parfaits, qu’on leur accorde l’avantage de la beauté sur tous les autres peuples de l’Amérique méridionale. Deux choses paraissent surprenantes : l’une, que, le pays étant si chaud, les naturels n’y soient pas du moins olivâtres ; l’autre, que,