À l’époque des grandes sécheresses, le volume d’eau qui, en deux bonds, se précipite à une profondeur de cinq cent trente pieds, présente un profil de vingt-une toises carrées. Lorsque l’on en approche, l’œil est ébloui par une clarté subite, due aux vapeurs blanches qu’élèvent sans cesse les rejaillissemens de l’eau qui se précipite sur les rochers avec un fracas épouvantable. Le sommet de la montagne qui environne la chute est couronné d’arbres majestueux, et couvert des plus belles fleurs. L’énorme masse des vapeurs qui s’élève de la cascade, et qui est précipitée par le contact de l’air froid, contribue beaucoup à la grande fertilité de la partie du plateau de Bogota, voisine de Tequendama.
La hauteur démesurée de cette chute peut servir à donner une idée de celle du plateau arrosé par la rivière qui la forme. Il est élevé à 1365 toises au-dessus du niveau de la mer. C’est pourquoi l’on y cultive les plantes de l’Europe tempérée, quoique Santa-Fé, capitale de la vice-royauté, soit située seulement à 4 degrés 35 minutes au nord de l’équateur : par la même raison le climat y est très-doux. L’air y est fort sain. Cette ville est le siége d’un archevêché, d’une audience et d’une université. À trois quarts de mille des murs coule le Bogota au milieu d’une plaine magnifique, où l’on jouit d’un printemps perpétuel. Les rues de Santa-Fé sont larges, bien alignées, bordées de belles maisons. La cathédrale est