la frontière, où ils taillaient en pièces tout ce qui tombait entre leurs mains.
Les plus intraitables des Indiens indépendans sont les habitans d’Arauco et de Tucapel, et ceux qui habitent au sud du Biobio. Le pays est si vaste, que, lorsqu’ils se voient trop pressés, ils abandonnent leurs possessions, et s’enfoncent dans des déserts inaccessibles. Là, se fortifiant par leur jonction avec d’autres Indiens, ils reviennent au pays qu’ils habitent. C’est ce mélange de fuite et de résistance qui les rend comme invincibles, et qui ne cesse pas d’exposer le Chili espagnol à leurs insultes. Qu’un seul crie parmi les autres qu’il faut prendre les armes, les hostilités commencent aussitôt. Leur manière de déclarer la guerre, c’est d’égorger jusqu’au dernier Espagnol qui se trouve chez eux sur la foi des conventions, ou de ravager les villages dont ils sont voisins. Quelquefois ils font avertir d’autres nations à qui les Espagnols ne sont pas moins odieux. C’est ce qu’ils appellent faire courir la flèche, parce qu’ils font passer lavis, d’une habitation à l’autre, avec autant de vitesse que de secret. La nuit de l’invasion est marquée, sans qu’il en transpire jamais rien. Cette fidélité, et le peu de préparatifs dont ils ont besoin pour leurs armemens, rendent leurs desseins impénétrables jusqu’au moment de l’exécution. La convocation faite, ils élisent entre eux un chef de guerre, auquel ils donnent le nom de toqui; et, dans les premières heures de la nuit fixée,