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Négro, on rencontre, du côté du sud, celle d’une autre rivière qui n’est pas moins fréquentée des Portugais, et qu’ils ont nommée Rio de Madera ou rivière du bois, apparemment par la quantité d’arbres qu’elle charrie dans ses débordemens. On donne une grande idée de l’étendue de son cours en assurant qu’ils la remontèrent, en 1741, jusqu’aux environs de Santa-Cruz de la Sierra, ville épiscopale du Haut-Pérou, située à 17° 30′ de latitude australe. Cette rivière porte le nom de Mamore dans sa partie supérieure ; mais sa source la plus éloignée est voisine du Potosi, et par conséquent de celle du Pilcomayo, qui va se jeter dans le grand fleuve de la Plata.

L’Amazone, au-dessous du Rio-Négro et de la Madera, a communément une lieue de large. Quand elle forme des îles, elle a jusqu’à deux et trois lieues ; et dans le temps des inondations, elle n’a plus de limite. C’est ici que les Portugais du Para commencent à lui donner le nom de rivière des Amazones, tandis que plus haut ils ne la connaissent que sous celui de Rio de Solimoës, rivière des poisons, qu’ils lui ont donné vraisemblablement parce que les flèches empoisonnées sont la principale arme de ses habitans.

Le 28, La Condamine ayant laissé à gauche la rivière de Jamundas, que le P. d’Acugna nomme Cunuris, prit terre un peu au-dessous, du même côté, au pied du fort portugais de Pauxis, où le lit du fleuve est resserré dans un