noirceur, et s’il ne laissait pas croître ses cheveux.
Leur teint naturel est couleur de cuivre clair ou d’orange sèche ; leurs sourcils ont la noirceur du jais : ils ne les teignent point, mais ils se les frottent, comme leurs cheveux, avec une sorte d’huile qui les rend fort luisans. Waffer, Zarate et d’autres voyageurs parlent d’une race d’Américains blancs, et attestent tous ceux qui ont fait le voyage de l’isthme. Ce sont des albinos ; leur peau n’est pas d’un blanc de carnation comme celle des Européens ; c’est plutôt un blanc de lait ; et, ce qu’il y a de plus surprenant, c’est qu’ils ont le corps tout couvert d’un duvet de la même blancheur, et si fin qu’il n’empêche point de voir la peau. Les hommes auraient la barbe blanche, s’ils la laissaient croître. Ils se l’arrachent ; mais jamais ils n’entreprennent d’ôter le duvet. Ils ont les sourcils et les cheveux aussi blancs que la peau, et leurs cheveux, longs de sept à huit pouces, paraissent frisés. Ils ont la vue si bonne pendant la nuit, qu’ils distinguent un objet de fort loin ; aussi leur donne-t-on dans le pays un nom qui signifie yeux de la lune. Leurs yeux sont trop faibles pour soutenir la lumière du soleil ; et l’eau qui en dégoutte sans cesse les oblige de se tenir renfermés dans leurs maisons, d’où ils ne sortent qu’à la fin du jour. Ils ne sont pas si robustes que les autres Américains, ni capables d’aucun exercice violent. Cependant, lorsque la nuit approche, ils renoncent à leur indolence