carte particulière du Pongo. Le 12 juillet, à midi, s’étant remis sur le fleuve, il fut bientôt entraîné par le courant dans une galerie étroite et profonde, taillée en talus dans le roc. En moins d’une heure il se trouva transporté à Borja, où l’on compte trois lieues de San-Iago. Cependant le train de bois, qui ne tirait pas un demi-pied d’eau, et qui, par le volume ordinaire de sa charge, présentait à la résistance de l’air une surface sept ou huit fois plus grande qu’au courant de l’eau, ne pouvait prendre toute la vitesse du courant, et cette vitesse même diminue considérablement à mesure que le lit du fleuve s’élargit en approchant de Borja. Dans l’endroit le plus étroit, La Condamine jugea qu’il faisait deux toises par seconde, par comparaison à d’autres vitesses exactement mesurées.
Le canal du Pongo, creusé naturellement, commence une petite demi-lieue au-dessous de San-Iago, et continue d’aller en se rétrécissant ; de sorte que de 250 toises qu’il peut avoir au-dessous de la jonction des deux rivières, il parvient à n’en avoir pas plus de vingt-cinq. Jusqu’alors on n’avait donné de largeur au Pongo que vingt-cinq vares espagnoles, qui ne font qu’environ dix de nos toises ; et, suivant l’opinion commune, on pouvait passer en un quart d’heure de San-Iago à Borja. Mais une observation attentive fit connaître à La Condamine que, dans la plus étroite partie du passage, il était à trois longueurs de son ra-