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aidaient un peu la nature, tous les bords d’un si grand fleuve seraient de vastes jardins remplis sans cesse de fleurs et de fruits. Les débordemens de ses eaux fertilisent pour plus d’une année toutes les terres qui en sont humectées : elles n’ont pas besoin d’autre amélioration. D’ailleurs toutes les richesses de la nature se trouvent dans les régions voisines : une prodigieuse abondance de poissons dans les rivières, mille animaux différens sur les montagnes, un nombre infini de toutes sortes d’oiseaux, les arbres toujours chargés de fruits, les champs couverts de moissons, et les entrailles de la terre pleines de mines de métaux précieux. »

Le P. d’Acugna nous donne le nom de plus de cent cinquante nations qui habitent sur les bords de l’Amazone dans une étendue de mille huit cents lieues en longueur, et dans une circonférence de quatre mille, en y comprenant les rivières qui se perdent dans ce fleuve. Tous ces peuples-là sont idolâtres et ont à peu près les mêmes mœurs, c’est-à-dire celles des sauvages. La nation des Topinamboux mérite qu’on en fasse une mention particulière par les efforts qu’elle a faits pour défendre son indépendance contre la tyrannie des Européens.

Vingt lieues au-dessous de la rivière de Cayary, qui vient du sud se joindre à l’Amazone est une île de soixante lieues de large, qui doit en avoir plus de deux cents de circuit : on la nomme île des Topinamboux. Après la conquête du Brésil, ces peuples, habitant la