dans les entreprises de ce genre, et dont les possessions dans le Brésil sont limitrophes de l’embouchure de l’Amazone dans l’Océan atlantique, la remontèrent, en 1637, sous la conduite de Texeira et dans une flottille de canots, depuis Para, forteresse portugaise, jusqu’au lieu où elle commence à être navigable. La relation de ce voyage nous a été transmise par le P. d’Acugna, jésuite espagnol, qui accompagna les Portugais lorsqu’ils retournèrent par la même route qu’ils avaient suivie, c’est-à-dire en descendant l’Amazone qu’ils avaient remontée. Cette relation fut traduite, dans le siècle dernier, par le romancier Gomberville, auteur de Polexandre ; car alors nos littérateurs français cultivaient la langue espagnole comme on étudie aujourd’hui l’italien et l’anglais. Nous croyons devoir rapporter quelques endroits de cette relation qui paraîtront un peu romanesques, mais dont le fond n’est pas moins vrai. « L’Amazone, dit-il, traverse plus de royaumes que le Gange, l’Euphrate et le Nil. Elle nourrit infiniment plus de peuples, et porte ses eaux douces bien plus loin dans la mer : elle reçoit beaucoup plus de rivières. Si les bords du Gange sont couverts d’un sable doré, ceux de l’Amazone sont chargés d’un sable d’or pur ; et ses eaux, creusant ses rives de jour en jour, découvrent par degrés les mines d’or et d’argent que la terre qu’elles baignent cache dans son sein. Enfin les pays qu’elle traverse sont un paradis terrestre ; et si leurs habitans
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