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sans pouvoir achever d’y prendre nos angles, parce qu’un signal qu’on avait voulu porter trop loin du côté du sud ne put être aperçu, et qu’il arriva quelques accidens à d’autres.

» La montagne de Pichincha, comme la plupart de celles dont l’accès est fort difficile, passe dans le pays pour être riche en mines d’or ; et de plus, suivant une tradition fort accréditée, les Américains, sujets d’Atahualpa, roi de Quito, au temps de la conquête, y enfouirent une grande partie des trésors qu’ils apportaient de toutes parts pour la rançon de leur maître, lorsqu’ils apprirent sa fin tragique. Pendant que nous étions campés dans ce lieu, deux particuliers de Quito, de la connaissance de don Antoine d’Ulloa, qui partageait notre travail, eurent la curiosité, peut-être au nom de toute la ville, de savoir ce que nous faisions si long-temps dans la moyenne région de l’air. Leurs mules les conduisirent au pied du rocker où nous avions élu notre domicile ; mais il leur restait à franchir 200 toises de hauteur perpendiculaire, que l’on ne pouvait monter qu’en s’aidant des pieds et des mains, et même, en quelques endroits, qu’avec danger. Une partie du chemin était un sable mouvant qui s’éboulait sous les pieds, et où l’on reculait souvent au lieu d’avancer ; heureusement pour eux, il ne faisait ni pluie ni brouillard. Cependant nous les vîmes plusieurs fois abandonner la partie. Enfin, à l’envi l’un de l’autre, aidés par nos Péru-