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ne pouvait y passer qu’en se courbant. La neige qui tombait pendant la nuit, ne manquant point de la boucher presque entièrement, ils venaient tous les matins nous délivrer de cette espèce de prison ; car nos nègres ordinaires, qui passaient la nuit dans la canonnière, étaient alors si transis de froid, qu’ils se seraient plutôt laissé tuer que d’en sortir. Les cinq Américains venaient donc régulièrement déboucher notre porte à neuf ou dix heures du matin ; mais le quatrième ou le cinquième jour de notre arrivée, il était midi qu’ils n’avaient point encore paru. Notre inquiétude commençait à devenir fort vive, lorsqu’un des cinq, plus fidèle que les autres, vint nous informer de la fuite de ses compagnons, et nous entrouvrir assez la porte pour nous donner le pouvoir de la rendre entièrement libre. Nous le dépêchâmes au corrégidor de Quito, qui nous envoya sur-le-champ d’autres Américains, après leur avoir ordonné, sous de rigoureuses peines, de nous servir plus fidèlement ; mais cette menace ne fut pas capable de les retenir ; ils désertèrent bientôt comme les premiers. Le corrégidor ne vit pas d’autre moyen, pour arrêter ceux qui leur succédèrent, que d’envoyer avec eux un alcade, et de les faire relever de quatre en quatre jours.

» Nous passâmes vingt-trois jours entiers sur notre roche, c’est-à-dire jusqu’au 6 de septembre, sans avoir pu unir les observations des angles, parce qu’au moment où nous commen-