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peaux voisins en boivent, on ne voit sur ses bords, ni même dans le voisinage, aucune sorte d’oiseaux et d’animaux aquatiques. Celle qui coule du côté de la montagne est salée : les vaches, les moutons, les chevaux et les mulets en paraissent fort avides. Du côté opposé, les sources donnent une eau sans goût, qui passe pour une eau des meilleures du pays. Il y a beaucoup d’apparence que le bassin de ce lac est l’entonnoir de la mine d’un volcan qui, après avoir joué dans les siècles passés, se renflamme encore quelquefois. Le bassin a pu se remplir d’eau, par quelque communication souterraine avec des montagnes plus élevées.

Un des points que Bouguer et La Condamine reconnurent ensemble, était une petite montagne nommée Nabouco, voisine des villages de Pénipé et de Guanando, où l’on recueille de fort belle cochenille, sur une espèce particulière d’opuntia ou raquette. La base de la montagne de Nabouco est de marbre ; dans les ravines des environs, La Condamine en découvrit de très-beaux et de richement veinés de plusieurs couleurs. Il y vit aussi des rochers d’une pierre blanche, aussi transparente que l’albâtre, et plus dure que le marbre ; elle se casse par éclats, et rend beaucoup d’étincelles : on assure qu’un feu violent la liquéfie. L’académicien, soupçonnant qu’elle pouvait être employée à la porcelaine, en recueillit des fragmens qui faisaient partie de l’envoi qu’il fit en 1740, pour le cabinet au Jardin du roi. Il