ricain nommé Niguas, où je m’arrêtai. J’y entrai par un ravin étroit que les eaux, ont cavé de dix-huit pieds de profondeur. Ses bords coupés à pic semblaient se joindre par le haut, et laissaient à peine le passage d’une mule : on m’assura que c’était là le grand chemin, et il est vrai qu’alors il n’y en avait pas d’autre. Je passai plusieurs torrens sur ces ponts formés d’un réseau de lianes, semblable à nos filets de pêcheurs, tendu d’un bord à l’autre, et courbé par son propre poids. Je les vis alors pour la première fois, et je ne m’y étais pas encore familiarisé. Je rencontrai sur ma route deux autres hameaux dans l’un desquels, l’argent m’ayant manqué, je laissai mon quart de cercle et ma malle en gage chez le curé, pour avoir des mulets et des Américains jusqu’à Nono, autre village où je trouvai un religieux franciscain qui me fit donner à crédit tout ce que je lui demandai.
» Plus je montais, plus les bois s’éclaircissaient : bientôt je ne vis plus que des sable, et plus haut des rochers nus et calcinés qui bordaient la croupe septentrionale du volcan de Pichincha. Parvenu au haut de la côte, je fus saisi d’un étonnement mêlé d’admiration à l’aspect d’un long vallon de cinq à six lieues de large, entrecoupé de ruisseaux qui se réunissaient pour former une rivière. Tant que ma vue pouvait s’étendre, je voyais des campagnes cultivées, diversifiées de plaines et de prairies, des coteaux de verdure, des villages, des ha-