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sur un cheval dressé pour cette cérémonie, fait faire à sa monture trois courbettes vers le balcon.

L’amour, au Pérou, règne parmi les créoles avec une puissance égale sur les deux sexes. Les hommes sacrifient à cette passion la plus grande partie de leurs biens. Ils ajoutent à leurs plaisirs celui de la liberté : n’aimant point les chaînes indissolubles, ils se marient rarement dans les formes ecclésiastiques : leur méthode, qu’ils nomment mariage derrière l’église, consiste à vivre avec une maîtresse dont ils reçoivent la foi comme ils la donnent. Ces femmes ont ordinairement de la sagesse et de la fidélité. Les lois du royaume leur sont assez favorables : elles n’attachent point de honte à la bâtardise, et les enfans de l’amour ont à peu près tous les droits des autres, lorsqu’ils sont reconnus par le père.

Quoique les femmes ne soient pas gênées au Pérou comme en Espagne, l’usage n’est point qu’elles sortent le jour, excepté pour la promenade ; dans les grandes villes, il est rare qu’elles sortent à pied ; mais c’est à l’entrée de la nuit qu’elles font leurs visites. Les plus modestes en plein jour sont les plus hardies dans l’obscurité. Le visage couvert du rabos ou de la mante, qui les empêche d’être reconnues, elles font des démarches qui ne conviennent qu’aux hommes. Leur posture ordinaire dans l’intérieur de leurs maisons est d’être assises sur des carreaux, les jambes croisées sur une estrade couverte d’un tapis à la turque. Elles