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ceux qui l’entendent mal ; on se borne à prendre les plus habiles, qui se fixent dans les fabriques mêmes, avec leurs familles, et qui instruisent leurs enfans. Outre le salaire annuel de ces deux sortes d’ouvriers, les maîtres donnent à ceux qui se distinguent par leur industrie des fonds de terre et des bœufs pour les faire valoir ; ils défrichent alors, ils labourent, ils sèment pour la subsistance de leurs familles ; ils bâtissent des cabanes autour de la métairie, qui devient ainsi un manoir seigneurial, et quelquefois un village fort nombreux. C’est à ces terres défrichées qu’on donne le nom de chacare ou chacarite.

Les Péruviens conservent une forte inclination pour le culte du soleil. Dans les grandes villes, ils ont des jours où leur dévotion pour cet astre se réveille avec leur amour pour leurs anciens rois, et leur fait regretter un temps qu’ils ne connaissent plus que par les récits de leurs pères. Tel est le jour de la nativité de la Vierge, auquel ils célèbrent la mort d’Atahualpa par une espèce de tragédie qu’ils représentent dans les rues. Ils s’habillent à l’antique ; ils portent encore les images du soleil et de la lune, leurs divinités chéries, et les autres symboles de l’idolâtrie, qui sont des bonnets en forme de tête d’aigle ou de condor, des habits de plumes, et des ailes si bien adaptées, que de loin ils ressemblent à des oiseaux. Dans ces fêtes ils boivent beaucoup : et peut-être n’ose-t-on leur en ôter la liberté. Comme ils