poisson, comme la campagne donne toutes sortes de fruits, et beaucoup de cannes à sucre, dont on fait du miel et de l’eau-de-vie. L’eau ne manque pas dans le canton ; elle descend du haut des montagnes en torrens qui arrosent les dehors de la ville ou qui la traversent. On vante la qualité des eaux pour aider à la digestion ; mais cette vertu, qui les ferait estimer dans un autre climat, les rend ici fort nuisibles, parce que tant d’activité ne convient point à des estomacs aussi faibles que ceux des habitans ; elles leur causent des dysenteries, dont il est rare qu’ils se délivrent, et c’est le terme ordinaire de toutes leurs autres maladies. Ces eaux, qui descendent en cascades, forment de petits réservoirs dans les cavités des rochers, et leur fraîcheur est augmentée par le feuillage des arbres, qui ne perdent jamais leur verdure. L’usage des habitans de l’un et de l’autre sexe, et de tous les âges, est de s’y aller baigner chaque jour à onze heures du matin, pour se rafraîchir de l’excessive chaleur qui brûle le sang.
Les montagnes, couvertes de bois et peuplées d’animaux féroces, touchent de si près aux maisons de la ville, qu’il n’y a point de sûreté le soir dans les rues, pour les poules et les chiens, ni même pour les enfans. Un jaguar qui prend une fois goût à cette chasse, semble dédaigner celle des montagnes. On leur tend des pièges à l’entrée des murs. Les nègres et les mulâtres, qu’on emploie souvent à couper du bois, ont autant d’adresse que de courage