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souterraines qui conduisaient à trois autres forts situés dans la ville même où ces princes entretenaient une nombreuse garnison. Ce rempart était d’une hauteur extraordinaire, composé de pierres de taille de différentes formes. Quelques-unes sont si grandes, qu’il est difficile de comprendre comment on a pu sans le secours d’aucune machine les tirer des carrières et les transporter dans le lieu où on les voit. Les intervalles que laisse l’irrégularité de ces grosses masses sont remplis d’autres pierres ajustées avec tant d’art, qu’on n’aperçoit pas facilement leur liaison. Il y en a une d’une grosseur si prodigieuse, qu’on ne peut même imaginer une machine assez forte pour la remuer. On lui a donné le nom de cansada, qui signifie la fatiguée, par allusion sans doute à la peine qu’elle a dû coûter pour le transport. Les ouvrages intérieurs de la forteresse, c’est-à-dire les logemens, sont presque entièrement détruits ; mais la plupart de tous ceux du dehors subsistent, et semblent promettre une durée égale à celle du monde.

Il se trouve dans cette forteresse des bains fournis par deux fontaines, l’une d’eau chaude, l’autre d’eau froide. Un couvent y a pour murs ceux-mêmes du temple du soleil, et le Saint-Sacrement est placé à l’endroit où se trouvait la figure en or de cet astre. Un couvent de religieuses occupe le même emplacement où demeuraient les vierges du soleil.

La plupart des rues de l’ancien Cusco étaient