Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et souvent ils ont entre eux de vifs démêlés : cependant les désordres qui naissent de tous ces vices ne sont pas aussi fréquens qu’on pourrait se l’imaginer de la grandeur de la ville et de la multitude de ses habitans.

Il ne manque aux agrémens de Lima et de sa situation que de la pluie pour arroser son terroir. Ce n’est pas ici le lieu de recueillir les observations des voyageurs sur les causes de cette fâcheuse privation ; mais on doit remarquer que l’industrie sait y suppléer en rendant les environs fertiles en toutes sortes de grains et de fruits. Un des soins de l’ancien gouvernement américain, et peut-être ce qui lui fait le plus d’honneur, fut d’ouvrir des canaux par lesquels l’eau des rivières put servir à porter la fécondité dans les terres et faciliter le moyen de les cultiver. Les Espagnols ont trouvé ces ouvrages faits, et les ont conservés comme ils les avaient reçus des incas. C’est de cette manière qu’on a jusque aujourd’hui arrosé les champs de froment et d’orge, les luzernes pour la nourriture des chevaux, les vastes plantations de cannes de sucre, les oliviers, les vignes et les jardins, pour en tirer régulièrement d’abondantes récoltes. Il n’en est pas de Lima comme de Quito, où les fruits n’ont aucune saison déterminée. À Lima, les champs produisent dans un temps, qui est toujours le même ; la récolte se fait au mois d’août. Les arbres se dépouillent de leurs feuilles, suivant leur nature ; car ceux qui sont propres aux pays