un lieu nommé Buytron, situé à dix-sept ou dix-huit milles plus bas sur la même côte, vis-à-vis de l’île Saint-Jean-d’Ulua, qui n’est guère à plus de huit cents pas du rivage. Outre la défense que le port y reçoit de cette île contre la fureur des vents du nord, on trouva qu’il n’y fallait que six semaines pour décharger les vaisseaux, et ces deux avantages firent prendre la résolution d’y bâtir une ville, qui est aujourd’hui Vera-Cruz.
En approchant de l’île d’Ulua, qui est à l’entrée du port, ou plutôt qui sert à le former, sa situation fait juger qu’il serait dangereux d’y vouloir entrer dans l’obscurité. On découvre à fleur d’eau quantité de petites roches, qui n’ont au-dehors que la grosseur d’un tonneau : l’île n’est elle-même qu’un rocher fort bas, qui n’a que la longueur d’un trait de flèche dans toutes ses dimensions. Ces défenses naturelles font la force de la ville ; cependant l’île d’Ulua contient un château carré qui en couvre presque toute la surface ; il est bien bâti, et gardé par quelques soldats, avec quatre-vingt-cinq pièces de canon et quatre mortiers. Les Espagnols confessent qu’il doit son origine à la crainte qu’ils eurent, en 1568, de Hawkins, capitaine anglais ; et Thompson, voyageur de la même nation, nous apprend, en effet, dans sa relation, qu’en 1556 il ne trouva dans l’île, qu’une petite maison avec une chapelle seulement ; du côté qui fait face à la terre, on avait construit un quai de grosses